Décadence juvénile et
parentale
Je viens d’être invité
dans un collège varois en tant que président de l’association « yogatrekking »
pour présenter à des élèves de quatrième et de troisième un projet destiné à
les mettre en relation épistolaire avec un établissement scolaire de l’Himalaya.
Un bon nombre de ces élèves
âgés de treize à quatorze ans se tiennent mal sur leurs chaises. Dire qu’ils
sont tordus est un euphémisme tant ils sont de travers.
Je leur ai demandé comment on appelle quelqu’un
qui se tient mal. L’un deux a répondu : « une autruche ».
Cette perche tendue m’a
permis de leur dire que plonger sa tête dans un trou pour ne pas voir ce qui se
passe, y compris en soi, risque fort d’exposer une partie de leur corps à recevoir
un coup bien placé… Ca les a fait rire et certains se sont redressés.
Un des plus petits,
assis au premier rang, avachi au point de mettre la tête sur la table sous le
nez de deux professeurs, voulait peut être savoir si j’allais le laisser se
tenir mal. J’ai dit aux filles que si elles cherchaient un petit copain, elles
devraient plutôt choisir quelqu’un qui ait plus d’énergie que celui là. Sous
les rires il s’est un peu redressé et il a été plus attentif.
Au deuxième rang un élève
me tournait le dos. Il devait être sourd car lorsque je lui ai demandé de se retourner vers moi, il n’a pas
bougé.
Je l’ai alors traité
de « petit con », et, puisqu’il ne bougeait toujours pas, j’ai rajouté,
au vu de sa corpulence : « gros petit con ». Cette fois il a
bougé en me disant que je l’insultais. Il a terminé l’heure debout près de la porte,
« au piquet », en continuant à me tourner le dos.
D’où provient une
telle attitude ? Je ne crois pas qu’il faille incriminer des muscles postérieurs
en train de se raccourcir. Le problème vient d’une éducation ratée par les
parents. Ce jeune mal élevé va parler de moi à ses parents. J’espère les voir :
peut être se tiennent t’ils comme leur fils ? Les enfants reflètent
parfois leurs modèles parentaux.
Il parait qu’il ne
faut plus rien dire aux enfants qui se tiennent mal, et que ce n’est pas à
leurs professeurs de le répéter…
Je me souviens qu’à
mon entrée au collège on m’avait trouvé une attitude scoliotique. On m’a fait
pratiquer, en même temps que d’autres élèves se tenant mal, de la gymnastique
correctrice, dans le gymnase du collège, sous la direction d’un enseignant d’éducation
physique qui prenait son travail à cœur.
C’était il y a
cinquante ans : les temps ont changé en se dégradant.
Des collégiens en
mauvais état physique auraient bien besoin de découvrir et de respecter leur
corps en pratiquant la méthode Mézières, mais je doute qu’ils en aient
entendu parler. La devise Olympique « Mens sana in corpore sano : un esprit
sain dans un corps sain » ne les effleure pas.
Françoise Mézières
s’attachait à rendre les gens plus beaux afin qu’ils fonctionnent mieux, mais
ces jeunes là ne sont pas beaux, et leur attitude avachie pendant deux heures
me fait redouter qu’ils ne vont pas bien.
Je suis heureux de
partir pour passer six mois en Himalaya où des jeunes cherchent à être d’aplomb
dans leur corps et dans leur tête.
Mon blog vous
racontera la suite.
Eric Lon : « kinésithérapeute globe
trekkeur »
Photos sur Flickr: “
Yogas au pluriel ”
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